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Migrants : des citoyens organisent l'aide dans plusieurs pays européens

Par Le 04/09/2015 à 20:40 0

Dans Economie

Partout en Europe, les citoyens trouvent des solutions locales pour venir en aide aux réfugiés.
Partout en Europe, les citoyens trouvent des solutions locales pour venir en aide aux réfugiés.(Crédits : REUTERS/Alexandros Avramidis).

 

L'Europe fait face à un afflux sans précédent de réfugiés. Alors que les gouvernements tergiversent, peinant à trouver une solution, les citoyens multiplient les initiatives pour aider les réfugiés.

Venir en aide aux réfugiés avec ses moyens, voilà ce que font de nombreux citoyens à travers l'Europe alors que les demandeurs d'asiles affluent et que les leaders de l'Union européenne cherchent une solution commune.

Le 4 septembre, l'ONU a appelé à répartir au moins 200.000demandeurs d'asile au sein de l'Union européenne, avec la contribution de tous les pays membres. La Commission européenne table, quant à elle, sur 160.000. Or, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque refusent toute politique de quotas.

Pour résoudre cette situation, les gouvernement pourraient s'appuyer sur les nombreuses initiatives citoyennes au sein de l'Europe. Tour d'horizon des plus innovantes.

Les actions des Européens envers les réfugiés

  • En Allemagne et en Autriche, des start-up, une applications et un site pour connecter réfugiés et locaux

L'une des premières priorités est de loger les réfugiés. La plupart vivent dans des camps, souvent à l'extérieur de la ville, sans côtoyer les résidents locaux, rendant difficile l'intégration dans le pays. Ayant compris la nature du problème, une jeune berlinoise avait en novembre 2014 mis sa chambre à la disposition d'un demandeur d'asile malien, alors qu'elle partait quelques mois au Caire. A la suite de cette expérience, elle a créé avec son copain un site internet " Refugees welcome " (Flüchtlinge Willkommen), qui met en relation des demandeurs d'asile avec des personnes prêtes à les accueillir chez elles en Allemagne et en Autriche. Les voyageurs et locaux se contactent en ligne, pour que les premiers logent temporairement et gratuitement chez les seconds. L'association trouve, alors, le futur colocataire et aide à financer les coûts d'hébergement, via des micros donations. 184 personnes ont été placées pour l'instant. Les inscrits viennent d'Afghanistan, du Burkina Faso, du Kenya, du Mali, du Niger, du Nigeria, d'Irak, d'Iran, du Pakistan, de Russie, du Sénégal, de Somalie et de Syrie.

Toujours à Berlin, des startups apportent une assistance aux réfugiés, en fournissant des formations, de l'aide à la création d'entreprise ou en favorisant la prise de contact avec des Allemands, comme le raconte le correspondant de Libération à Berlin. Par exemple, la startup Über den Tellerrand kochen(cooking outside the box) intègre les réfugiés en proposant de cuisiner pour créer des liens. La plateforme Workeer,  elle, offre 300 emplois dans l'administration, les services à la personne ou la gastronomie aux migrants.

A Dresde, où le mouvement anti-immigration Pegida est très présent, des jeunes entrepreneurs, des firmes Heinrich & Reuter Solutions et Saxonia Systems, ont créé une application. Elle donne aux réfugiés l'accès aux services locaux et aux informations locales, rapporte le Washington Post. Un outils précieux qui répond à des questions telles que : quelle est l'adresse des autorités locales qui s'occupent des questions d'immigration ?

  • Au Royaume-Uni et en Irlande, l'hospitalité et les dons s'organisent

Répondre à l'urgence consiste aussi à apporter des biens aux réfugiés. Les dons britanniques affluent à Calais. A tel point que les associations sont dépassées, selon Libération. Ce mouvement de solidarité, récent, répond aux attaques anti-migrants orchestrées par les tabloïds anglais, fin juillet. Un groupe Calaid,né sur Facebook, organise l'apport de ces dons. "Nous avons récolté 85.000 livres (116.000 euros) en un mois", explique James Fisher, un des membres, à Libération. Sur une plateforme de Crowdfunding, l'association a récolté 11.331% de la somme demandée (1.000 pound soit 1.365.70 euros) ! Ces fonds financent les allers-retours entre Londres et Calais et le travail en collaboration avec les organisations sur place.

Recevoir les migrants avec hospitalité, voilà le but du mouvementCity of sanctuary. Afin d'atteindre cet objectif, il a créé un réseau de villes "fières d'accueillir des réfugiés". Sheffield a été la première en octobre 2005. Depuis, plus de 40 villes, au Royaume-Uni et en Irlande, font partie du réseau, dont Birmingham, Bristol, Londres, Leicester et Glasgow. Elles s'engagent à offrir des opportunités pour créer des liens entre les locaux et les réfugiés et à former une coalition entre les organisations qui s'occupent des demandeurs d'asiles.

  • En Grèce, les habitants créent des camps

Afin de recevoir les réfugiés arrivant chaque jour sur l'île de Lesbos, des résidents locaux ont fondé leur propre camp d'accueil, géré par des volontaires. Parmi ceux-ci, se trouve le village « All Together », fondé par Efi Latsudi. Elle et son équipe ont créé des hébergements temporaires pour près de 80 personnes, selon le Gardian. Un autre camp se trouve derrière le restaurant de Melinda Mc Rostie. Elle y accueille 150 réfugiés, auxquels elle donne trois repas par jour, grâce aux dons des touristes et des locaux.

  • En France, un site propose d'héberger des réfugiés

Sur le modèle du dispositif allemand « Refugees welcome »(Flüchtlinge Willkommen), le site CALM, Comme A La Maison, met en relation des réfugiés mal logés ou sans domicile fixe avec des particuliers, depuis janvier 2015. Il s'appuie sur une communauté grandissante de citoyens souhaitant s'engager sur l'accueil des réfugiés et, à terme, sur une plateforme web qui permettra un impact plus important. Ce dispositif veut répondre, au-delà de l'hébergement, au besoin important et grandissant d'inclusion socio-professionnelle des réfugiés en France. L'accueil dure entre deux semaines et neuf mois.

En quatre jours, le site a reçu près de 600 propositions d'hébergement, selon Libération et 50 réfugiés, en provenance de Syrie, d'Erythrée ou du Soudan, ont fait une demande. Afin de poursuivre son développement, le site va lancer une campagne de crowdfunding fin septembre, selon France Info.

  • En Espagne, des villes s'associent et l'Église contribue

Afin d'aider la centaine de milliers migrants qui arrivent en Europe, Madrid et Barcelone se sont associées pour former un "réseau de villes", indique le site l'Indépendant. Les deux cités, dirigées depuis les dernières élections par des conseils municipaux de gauche formés de mouvements de citoyens, ont critiqué la gestion par le gouvernement espagnol de la crise des migrants. Pour améliorer la réception des réfugiés, la mairie de Barcelone a rencontré des ONG locales pour organiser l'enregistrement des migrants arrivant dans la ville et pour les placer dans des familles prêtes à les accueillir.

L'Eglise assiste, également, les migrants. Les programmes de la fondation Tierra de Todos et Cardijn association, créés par le Diocèse de Cádiz et Ceuta, ont aidé 3.536 personnes l'année dernière, selon le Gardian, avec des cours de langues, l'accès aux premiers secours ou l'apport de soins aux plus âgés... Par ailleurs, un programme propose aux jeunes des appartements pour quelques mois, le temps de se construire une vie. Tandis qu'un service d'urgence reçoit les arrivants afin qu'ils se reposent et prennent contact avec leurs famille. 

Ces deux initiatives ne sont qu'un des nombreuses mobilisations dans le pays, répertoriées sur une page Facebook, qui se propose de faire connaitre et partager les action d'aide aux réfugiés.

  • En Hongrie, les dons s'organisent

Les action partent parfois de simple constat. C'est le cas du groupe Migszol (Migrant Solidarity) qui s'est formé à Szeged, au sud de la Hongrie, selon le Gardian. Des amis ont remarqué les réfugiés dormant autour de la gare sans aucune protection contre le froid. Ils créent alors une page Facebook pour récolter du matériel pour eux. 1.000 membres s'inscrivent en quatre jours. L'initiative prend une ampleur nationale et les donations affluent, jusqu'à 6m forints ( 18.8750 euros) en août, selon le Gardian. Aujourd'hui, 2.600 membres adhérent à la page et 200 bénévoles viennent en aide à prés de 800 migrants chaque jour, en s'occupant par exemple de payer leurs factures d'électricité et d'eau.

  • En Italie, un village défend un réfugié et un centre s'autogère 

En Italie, un village s'est uni pour défendre un réfugié. A Capriglio, dans le Piedmont, les 281 habitants ont fait appel de la déportation d'un demandeur d'asile de 23 ans,  Abu Talb Mridha,selon le Gardian. La commission de Turin, ayant décidé de son retour au pays, le Bangladesh ne faisant pas partie des États listés par l'Italie pour l'assistance humanitaire.

Plus au sud, à Rome, des volontaires viennent tous les jours accueillir les migrants au  centre culturel Baobab, qui héberge 300 réfugiés venant principalement d'Érythrée, de Somalie et du Sud Soudan. Les bénévoles offrent des repas, apportent des vêtements et répondent aux besoins des arrivants. Ce centre, unique, est « autogéré » par la communauté Érythréenne depuis des années, selon le site liberties.

  • En Islande, les citoyens se mobilisent pour l'asile

Parfois, les citoyens rappellent à leur gouvernement le devoir d'assistance. En Islande une page Facebook, rejoint par 5% des 330.000 habitants, demande à ce que le pays accepte davantage de réfugiés fuyant le conflit syrien. Les organisateurs précisent vouloir accueillir et assister les réfugiés, contredire les discours « haineux » et faire pression sur le gouvernement. En effet, celui-ci avait annoncé la réception de 50 réfugiés syriens, un nombre jugé dérisoire pour les 17.000 personnes ayant rejoint la page.

 A la suite de l'initiative, le Premier ministre Sigmund David Gunnlaugsson a annoncé qu'une commission composée de plusieurs ministres serait chargée de déterminer combien de réfugiés seraient acceptés, ajoutant que le gouvernement n'avait pas de quota prédéterminé. Pour prouver la capacité de l'île à recevoir des réfugiés, la page Facebook rappelle l'éruption soudaine du volcan Eldfell, en 1973 sur les petites îles Westman, à la suite de laquelle 4.000 personnes sont arrivées en Islande. Selon les statistiques nationales, le pays de 323.000 habitants, a accueilli 1.117 immigrés en 2014 et il compterait actuellement 99 réfugiés et 210 demandeurs d'asile selon l'ONU, rappelle ITélé.

  • En Serbie, une organisation informe le réfugiés

La Serbie a elle-même connu la guerre, et les réfugiés qui vont, malheureusement, avec. Cet expérience est une des raisons qui poussent les habitants de la capitale à se  mobiliser massivement pour venir en aide aux migrants, selon Libération.

A Belgrade, une organisation non gouvernementale Asylum Info Center, créée en août, fournit des informations aux demandeurs d'asile dans la capitale. Elle met des ordinateurs à disposition des réfugiés. Ils peuvent aussi parler à des avocats, des psychologues et des volontaires qui les informent sur le droit d'asile dans le pays, et les institutions médicales, si besoin. Le tout dans plusieurs langues.

 

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