Dans le rouge. Une nouvelle fois. En 2014, le déficit des hôpitaux s'est élevé à 398 millions d'euros. Il s'élevait à 312 millions d'euros en 2013. Si l'on tient compte des cessions d'actifs, le déficit est cependant moindre puisqu'il s'élève à 247 millions d'euros.
Face à cette situation, la Fédération hospitalière de France (FHF) refuse que l'hôpital public soit montré du doigt et dénonce tout procès en gabegie alors que le gouvernement tente par tous les moyens de réduire le déficit du régime général de la sécurité sociale.
" En réalité malgré l'activité soutenue, les hôpitaux publics ont maitrisé leur budget : l'écart entre l'évolution naturelle des dépenses (3,6%) et les recettes réellement perçues (1,7%) démontre une performance budgétaire mais aussi une performance économique (productivité) remarquables. Le gain est estimé en effet à près de 1 milliard d'euros ! Soit autant d'économies pour la solidarité nationale ", explique la FHF dans un communiqué.
Une stratégie défensive et offensive
Et de poursuivre : " La FHF salue la performance des professionnels, mais cette politique a une limite. Elle privilégie le court terme au long terme ! Les hôpitaux publics ont vu leur capacité nette d'autofinancement chuter globalement de 5,9% et les CHU de 10,7%. En outre les emprunts ont diminué de 26% et l'investissement réel des établissements a baissé de 14% ".
La FHF ne se contente pas de se défendre. Elle attaque également. Dans son viseur, l'Etat. " La FHF rappelle que les pouvoirs publics ont mis sciemment les hôpitaux en déficit en 2014. En effet, si les crédits de l'Objectif nationale des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) votés par le Parlement, sur proposition du gouvernement, avaient été entièrement distribués, les hôpitaux auraient atteint l'équilibre ". Concrètement, que s'est-il passé en 2014 ?
Des crédits annulés
L'année dernière, le gouvernement a tout simplement annulé 430 millions d'euros de crédits mis en réserve. Précisément, 250 millions d'euros ont été gelés dans les fonds pour les soins de suite et de rééducation, et la psychiatrie. L'exécutif a également supprimé 180 millions d'euros initialement dédiés aux missions d'intérêt général. Ce gel de crédits n'est pas inédit. Le gouvernement est coutumier du fait pour se constituer une réserve en cas de dérapage excessif et brutal des dépenses.
Or, il n'y a pas eu de dérapage excessif l'année dernière, la France ayant été heureusement épargnée dans le domaine sanitaire. Aucune épidémie de grande ampleur n'a été signalée. Il faut remonter à 2009-2010 pour observer la dernière épidémie de masse en France. A l'automne 2009 et jusqu'en janvier 2010, le virus de la grippe A (H1N1) avait fait 312 victimes. Selon la Cour des comptes, les coûts de vaccination et de prévention des risques de contamination s'étaient élevés à 662,6 millions d'euros. Un montant nettement supérieur aux 510 annoncés alors par le ministère de la Santé.
L'Etat maintient la pression
En supprimant les lignes de crédit dédiées à l'hôpital public, le gouvernement a donc puisé dans les crédits accordés à l'hôpital pour réduire le régime général de la Sécu. En mettant dans le rouge les comptes de l'hôpital public, consciemment ou inconsciemment, il continue de faire pression et légitime les prochains tours de vis budgétaires. En juin, en détaillant au Conseil de l'Union européenne sa stratégie pour atteindre les cibles de finances publiques recommandées par Bruxelles, le gouvernement a acté une nouvelle réduction de l'ONDAM à 1,75% en 2016-2017 pour permettre la réalisation de 425 millions d'euros d'économies.
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